L'AUTO-HYPNOSE


Comment se passe une séance d'auto-hypnose

  • Ajustez votre position : idéalement, soyez assis, les pieds à plat et les mains sur les cuisses. Au-delà d’être confortable, cette posture agira comme un ancrage pour vos séances, l’inconscient comprendra là où vous voulez aller dès que vous vous installerez de la sorte !
  • Fermez les yeux dès maintenant si vous le désirez.
  • Prenez conscience de votre dialogue intérieur : nous avons tous cette petite voix interne qui nous raconte des histoires (nos pensées). Habituez-vous à l’identifier, à entendre son timbre, son volume, sa vitesse, sentez-vous libre de jouer avec ! Et puis pilotez-la, éduquez-la, elle va devenir votre propre accompagnant et vous guidera dans vos séances d’auto-hypnose.
  • Adoptez un rythme calme en vous focalisant sur votre respiration : voici une étape commune avec la pratique de la méditation. En effet, se focaliser sur la respiration permet de ralentir et d’apaiser la “machine à penser”. Ressentez les mouvements respiratoires, la température de l’air dans vos narines, etc.
  • Posez une intention particulière et exprimez-la via votre dialogue intérieur : “Je me suis assis sur cette chaise, je prends le temps de me connecter à ma respiration, de me relaxer et je vais entrer de plus en plus dans un état d’hypnose, comme une belle expérience personnelle, je vais me guider, pas à pas.”
  • Peut-être avez-vous une idée précise de ce que vous voulez ? Revivre une scène, explorer une chose en particulier… Alors ajoutez cette volonté à votre intention : “Quand je serai sous hypnose, confortable dans cette expérience, je penserai à ‘cette scène’, merci inconscient de me permettre de m’y associer pleinement, d’aller y trouver ce que je cherche… Merci inconscient de m’aider à avancer sur ce chemin, dans cette recherche, etc. ”
  • Rassurez-vous en vous rappelant intérieurement que vous sortirez de cet état d’hypnose si la moindre chose le nécessite : “Si besoin, je reviendrai immédiatement et parfaitement conscient, par exemple si une personne sonne à ma porte, si un problème survient dans mon environnement etc.”. Cette technique s’appelle “Poser des fusibles” : elle consiste à clarifier ce que vous voulez établir comme conditions de fonctionnement.
  • Parlez à votre inconscient comme s’il était un enfant à l’intérieur de vous : soignez les marques de respect envers lui (politesse), parlez avec des phrases affirmatives (“Je veux être serein ” à la place de “Je ne veux pas stresser ”), dites-lui que vous serez à l’écoute des signaux qu’il vous enverra pour répondre à vos demandes (apparition d’images, de sons, de sensations etc.).
  • Au bout de quelques minutes de “relaxation respiratoire” et de discours intérieur pour poser vos intentions (prenez le temps nécessaire !), commencez à jouer avec vos canaux sensoriels. Soyez curieux de voir mentalement la pièce dans laquelle vous êtes, écoutez attentivement les sons environnants, recherchez les sensations corporelles, etc. Bouclez sur ces canaux, percevez les choses sans y réfléchir (le mental doit être calme durant toute la séance, uniquement au service de l’expérience hypnotique).
  • Maintenant, dissociez-vous ! Imaginez que vous êtes debout dans la pièce et que vous pouvez voir votre corps assis sur cette chaise. Devenez une caméra qui bouge, qui a la liberté de faire ce qui est bon pour elle, qui sort de la pièce, qui se déplace dans un lieu complètement différent, bouclez encore et encore sur vos canaux sensoriels alors que vous vivez ce voyage. Ressentez la chaleur du soleil si vous êtes sur une plage, voyez les vagues, entendez-les, immergez-vous complètement !
  • Et il y a cette partie de vous qui guide cette expérience, qui sait que votre corps est réellement sur cette chaise, votre partie consciente très certainement. Rendez-la observatrice de ce qui se passe.
  • Faites-vous des suggestions d’approfondissements clairement énoncées : “Plus j’entre dans cette expérience et plus mon état d’hypnose s’intensifie, il devient plus profond, plus agréable encore, exactement comme ça, et je continue cette expérience qui devient de plus en plus réelle…”. Ces suggestions peuvent se faire en liant les choses entre elles, par exemple : “Plus les secondes passent et plus j’entre en hypnose ”, “Au fur et à mesure que j’entends des bruits, ma transe devient encore plus profonde ” etc.

Les grandes étapes

Tout ce qui précède est une trame, elle reste un exemple qui mérite d’être compris mais surtout vécu, je vous propose un résumé plus condensé :

  • Je prends soin de ma posture, confortable et constante.
  • Je prends le temps de me relaxer, de me connecter à ma respiration, je ferme les yeux.
  • Mon intention de vivre une expérience hypnotique est posée, je la prononce intérieurement.
  • Je rappelle mes “fusibles” qui sont comme un contrat avec moi-même (sortie instantanée si besoin etc.).
  • J’accepte que l’hypnose va prendre du temps à se construire, une transe nécessite de l’attention.
  • Mes canaux sensoriels me permettent de jouer avec mon environnement.
  • Je m’associe à mon corps assis sur la chaise mais je me dissocie également en voyageant plus ou moins loin. Je peux ainsi faire des allers-retours entre mon corps physique et sa version imaginaire.
  • Si besoin, je demande à mon inconscient de stopper les pensées parasites afin de mieux vivre l’expérience.
  • Je me rends observateur de ma transe, je note les éventuels mouvements automatiques de mon corps : ma tête qui penche, mes doigts qui bougent tout seuls…
  • Afin d’approfondir mon état d’hypnose, je propose à mon inconscient de le faire au fur et à mesure que quelque chose se passe dans mon expérience.

Option possible : avant de fermer les yeux, on peut fixer un point et laisser la fatigue oculaire apparaître petit à petit. Cette technique s’appelle la vision périphérique car elle vous permet de voir ce qui vous entoure sans quitter ce point fixe. Cela s’appuie sur votre canal visuel et a comme avantage de couper les pensées automatiques. Quand c’est le bon moment, les yeux se ferment et l’expérience continue.

L’important dans tout cela

Ce qui reste fondamental, c’est ce qui fonctionne pour vous !

Étant donné que vous avez pris conscience de vos transes automatiques et journalières (voir les exercices du chapitre Hypnose), vous avez la possibilité de les utiliser pour parfaire vos expériences à la demande. Un sportif peut utiliser les transes liées à son activité physique, un chauffeur routier peut utiliser l’absorption de sa conduite pour entrer sous hypnose plus facilement, etc.

Plus vous pratiquez l’auto-hypnose et plus vous savez exactement ce qui est bon pour vous : quel canal sensoriel utiliser en priorité, quelles sensations corporelles rechercher, quels types d’approfondissement effectuer, quelles pensées privilégier, quelles dissociations vivre etc.

Avec l’expérience, c’est même la vitesse d’induction qui devient meilleure, votre cerveau comprend là où vous voulez aller et il a appris à le faire de mieux en mieux. Vous devenez de plus en plus confiant face à cet état d’hypnose que vous ne connaissiez pas jadis mais que vous maîtrisez désormais, il devient plaisant d’y aller, d’y voyager…

Pas besoin de faire de la thérapie, vivre une transe de quelques minutes avec une intention de recharger vos batteries peut suffire ! D’ailleurs, comme nous allons le voir dans le paragraphe suivant, il y a mille raisons pour lesquelles vous pouvez choisir de pratiquer l’auto-hypnose quand l’occasion se présente !

Rappelons-nous que l’intention est importante : c’est parce que nous voulons quelque chose que nous lui offrons la possibilité d’apparaître et d’être vécu, plus nous sommes précis et plus nous savons où aller.

En transe, et après ?

Je tente une réponse simple : “Bah après, faites ce qui est bon pour vous !”

Un praticien en hypnose a une idée derrière la tête car il sait que grâce à la transe de son client, ce dernier a la possibilité de vivre une expérience utile pour lui et sa problématique. Ceci dit, il sait qu’il doit s’adapter à ce qui se passe, c’est à travers des échanges verbaux qu’il peut conduire finement sa séance. Exemple d’accompagnements : anesthésie, régression en âge, futurisation, association et dissociation, visualisation de situations ou de gestes précis, voyages métaphoriques etc.

Théoriquement, tout ce qui est vécu avec l’aide d’un praticien peut l’être en auto-hypnose. La seule limite à cela serait la méconnaissance de la technique pour mener l’expérience soi-même. Par ailleurs, être accompagné permet bien souvent d’aller là où votre inconscient n’aurait pas forcément envie d’aller par lui-même

Pour en revenir à une pratique autonome, voici des exemples d’expériences qui peuvent être vécues :

  • Cas du sportif : un geste lui pose problème car une barrière psychologique s’est mise en place malgré lui. Grâce à l’hypnose, il peut prendre le temps de vivre cette scène, d’en ressentir les sensations. Il permet à son inconscient de retrouver ses marques, ses repères, de soulager des peurs etc.
  • Cas d’une rééducation physique : il a été démontré scientifiquement que pour le cerveau, il n’y a pas de différences entre “imaginer vivre un geste” et “le faire pour de vrai”. Alors pour limiter les conséquences d’une blessure, une personne sous hypnose peut faire des répétitions d’un mouvement. Elle va ressentir ces gestes, le cerveau pense piloter les mouvements mais ses ordres sont stoppés avant d’arriver aux muscles, le système nerveux est en action, il fait progresser ses capacités.
  • Cas d’un traumatisme léger : une scène a été blessante et chargée en émotions. Sous hypnose, la personne va s’associer à cette expérience, la revivre, prendre le temps de revoir les lieux à travers ses propres yeux, réentendre les mots prononcés, ressentir le malaise, pleurer peut-être… Puis, elle se dissocie de son corps, se voit elle-même en train de vivre les choses, cela l’allège et lui permet de prendre du recul. Le film peut être “mis sur pause” et elle s’approche de sa version qui souffre : elle lui parle, la rassure, la valorise. Sous hypnose, le sujet devient sa propre ressource, elle se prend dans ses bras et finit par revenir dans ce corps en observant de quelle manière c’est plus léger pour elle maintenant.
  • Cas d’une blessure liée à une séparation : au-delà de se laisser le temps du deuil, l’hypnose peut aider à soulager certaines émotions, à revisiter certaines associations internes. Grâce à l’hypnose, la personne visualise son ex-partenaire, prend le temps d’observer les émotions et de les vivre. Puis elle matérialise un lien avec ce dernier : un fil ou un chemin à travers lequel elle laisse circuler tout ce qui a encore besoin d’être échangé. Pour elle, c’est comme proposer à son inconscient de faire preuve de gratitude, de redonner ce qui ne lui appartient plus, de reprendre ce qui est à elle. Puis elle modifie ce lien comme bon lui semble : le coupe ou le supprime, décide d’en faire ce qui est perçu comme bénéfique pour elle. Les personnes s’éloignent, elle observe ce qui change dans son coeur…
  • Cas du lieu ressource : vous savez très certainement à quel point il est “consciemment” difficile de se calmer ou de prendre du recul, il ne suffit pas de le vouloir pour l’obtenir. L’hypnose permet d’aller chercher ces ressources là où elles se trouvent : à l’intérieur de notre mémoire et au sein des expériences déjà vécues. C’est pourquoi il est très utile de peaufiner son propre “lieu ressource” : cela peut être un souvenir précis ou un endroit complètement imaginaire. De séances en séances, passez par ce lieu lors de vos inductions, suggérez-vous d’y trouver les ressources qui y sont naturellement présentes (confiance, sérénité, empathie etc.). Prenez le temps de définir de quelles manières celles-ci s’expriment en vous lorsque vous êtes associé à ce lieu (“Je ressens une énergie dans le corps grâce à cette grande confiance…”). Ainsi, en cas de besoins urgents dans votre quotidien, vous pourrez réaliser une auto-hypnose “éclair” en y retournant avec comme intention de revenir enrichi des ressources associées.
  • Cas d’une douleur : au bloc opératoire, l’anesthésiste sait qu’il doit dissocier le patient pour que les sensations liées à l’opération soient perçues comme lointaines. Ainsi, il va hypnotiser le sujet et l’emmener mentalement le plus loin possible de l’hôpital, dans un lieu qui a beaucoup de sens pour lui. En auto-hypnose, pour amoindrir des douleurs chroniques ou ponctuelles, une personne peut procéder de la même manière : plus elle s’associe à des expériences dissociantes (lieu ressource, voyages etc.) et plus son cerveau abandonnera le message lié à sa douleur. Cette sensation peut durer plusieurs heures après la fin de la séance, mais en aucun cas elle ne peut permettre de “soigner” la cause de cette dernière.

Ces exemples semblent donner des recettes, mais il est important de comprendre que l’expérience hypnotique gagne à être personnalisée et adaptée en fonction du chemin parcouru par l’inconscient du sujet. Il est impossible de savoir de quelle manière la séance va se dérouler. C’est pourquoi un praticien doit garder un dialogue avec son client pendant la phase hypnotique pour savoir où il en est, de même qu’en auto-hypnose le sujet doit être attentif à ce qui se passe pour lui.

Les signes de transe

Comment savoir si j’ai bien été sous hypnose ? Voici une question fréquente !

Il y a des signes visibles : des mouvements involontaires du corps (les doigts, les jambes, la tête qui peut pencher…), des déglutissements plus présents que d’habitude, une sensation d’être coupé de l’entourage, d’entendre mais de ne pas avoir envie d’écouter. L’imagination est plus efficace, on peut se demander comment on fait pour être autant impliqué par une scène qui se joue à l’intérieur. On remarque des distorsions du temps également, cette sensation de ne pas avoir vu passer l’heure de transe.

Et puis, même si nous parlons de profondeurs de transes, il est communément accepté que ce critère n’est pas un gage de réussite de l’expérience : beaucoup de thérapeutes se contentent d’états d’hypnose très légers et des résultats remarquables sont perçus par leurs clients.

Source : CoFEAH

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