Peur, Anxiété, Stress

Peur, anxiété, angoisse, stress… Voici des termes qui font parfois partie de nos discours ou de ceux de notre entourage. Nous les utilisons pour tenter de parler de ce qui ce passe en nous, à certains moments plus qu’à d’autres.

Mais il n’est pas simple de poser les bons mots sur nos émotions, les bonnes expressions sur nos ressentis, les bonnes étiquettes sur nos « pathologies ». Et pourtant, nous savons à quel point il peut être important et salvateur d’affiner nos paroles pour décrire nos expériences, d’autant plus quand celles-ci sont intérieures.

C’est pourquoi, au travers de cet article, nous vous proposons quelques définitions simples, agrémentées de conseils et de pistes de réflexions. Plus un partage qu’un écueil exhaustif sur le sujet, nous vous invitons à vous tourner vers vos propres expériences pour illustrer nos propos.

La peur, une émotion de base

La peur est une émotion, au même titre que les cinq autres émotions de base que l’on connaît : la tristesse, la colère, la joie, la surprise et le dégoût (cette liste varie en fonction des sources).

Pour que la peur se manifeste, il faut qu’une menace ou un danger soit présent. À cet instant-là, notre cerveau (essentiellement l’amygdale) réagit de deux manières différentes et simultanées :

  • Le circuit court et rapide de la peur : l’information est perçue (exemple : « je vois un serpent »). Instantanément une réaction est mise en place de manière à fuir ou à combatte (« Je fais un saut en arrière pour m’éloigner du reptile »).
  • Le circuit long et plus lent : l’information est perçue et est envoyée au cortex cérébral pour être analysée. En fonction de l’estimation du danger qui est ainsi faite, une instruction est soumise à l’amygdale afin de maintenir ou freiner la réponse initialement choisie par le circuit court (« Je me calme car le serpent est en fait un bâton posé au sol » ou « Je continue de m’éloigner pour me mettre en sécurité »).

Ces deux circuits sont activés de manière complètement automatique. Il suffit de repenser à une expérience de peur subite pour se remémorer le fonctionnement de ces derniers : sursaut brutal et réflexion mentale plus lente permettant une prise de décision de plus en plus consciente.

D’un point de vue physiologique, beaucoup de phénomènes sont observables lorsque la peur apparaît, résultat de la sollicitation du système nerveux « sympathique » : tremblements, hausse de la fréquence cardiaque, perturbation de la respiration…

Considérons que la peur est l’émotion la plus importante, car elle a permis la survie de l’espère humaine tout au long de son histoire. Elle est donc normale et utile.

Il n’est pas possible d’empêcher une peur, car elle apparaît sous la forme d’un réflexe face à une situation jugée instinctivement dangereuse.

L’anxiété, un vague sentiment de peur…

Contrairement à la peur, l’anxiété est un sentiment d’appréhension qui semble souvent sans objet précis. Elle est liée aux situations perçues comme étant incontrôlables ou inévitables.

Voici quelques exemples de contextes générateurs d’anxiété :

  • Construction imaginaire d’une situation redoutée
  • Difficultés à admettre ou non-acceptation de certaines choses (deuils…)
  • Manque d’informations face à un événement
  • Surabondance d’informations, entraînant un trop plein difficile à traiter
  • Etc.

Nous pouvons ainsi dire que l’anxiété est une anticipation de dangers futurs, alors que la peur se manifeste face à un danger présent.

De nombreux effets physiques sont observables : tensions musculaires, fatigue, nausées, maux de têtes, irritabilité, troubles de la concentration etc.

Lorsque l’anxiété devient envahissante, elle peut être considérée comme pathologique par le corps médical. Nous parlons alors de troubles anxieux qui peuvent prendre de nombreuses formes (anxiété sociale, troubles panique, phobies, troubles obsessionnels compulsifs…).

Les causes des troubles anxieux peuvent être d’ordre psychologique (rupture amoureuse, perte d’un proche, catastrophe naturelle…) ou physiologique (déficit ou excès d’hormones, traumatisme crânien, mauvaise alimentation…).

Comment réduire notre anxiété ?

En cas de doutes, consultez votre médecin, il s’agit là d’un conseil de prudence qui peut s’avérer utile pour certaines personnes dont les troubles anxieux seraient trop importants. Une approche médicamenteuse s’avère parfois nécessaire.

Toutefois, il existe de nombreuses manières de réguler par soi-même l’anxiété que l’on peut ressentir au sein de nos quotidiens.

Voici des conseils dont les effets sont indiscutables :

  • Une bonne hygiène de vie :
    • Peu de caféine, peu de sucre, amélioration des habitudes alimentaires
    • La pratique d’une activité physique, permettant ainsi la régulation de certaines hormones (cortisol…) et apportant un « mieux-être » généralisé (confiance en soi, nouveaux objectifs etc.)
    • Un bon sommeil
  • Techniques de méditation et de relaxation :
    • Yoga, méditation, auto-hypnose, cohérence cardiaque
    • Toutes ces disciplines proposent la « pleine conscience », autrement dit la « connexion au moment présent » et la respiration en conscience qui permet de réguler le fonctionnement de l’amygdale.
  • Travail thérapeutique ou coaching :
    • La personne est accompagnée et guidée vers de nouveaux comportements ou de nouveaux apprentissages qui lui permettront de modifier son rapport aux sources d’anxiété identifiées.

La plupart de ces techniques activent le système nerveux « parasympathique » qui est à l’origine de la sensation de bien-être (ralentissement du rythme cardiaque, etc.).

Les crises d’angoisse et de panique

Les attaques de panique (ou crise d’angoisse aiguë) sont des sensations de peur intense qui surviennent brutalement, de manière fulgurante. À ces occasions, de nombreux symptômes physiques sont ressentis (palpitation, étouffement, douleurs à la poitrine etc.).

De nombreuses causes peuvent être à l’origine de ces attaques (stress, phobies, traumatismes, troubles thyroïdiens, consommation de substances, etc.) mais, contrairement à la peur, il n’y a pas forcément de liens directs avec la réalité.

Il est important de garder à l’esprit que ces crises, si elles se répètent régulièrement, peuvent être à l’origine de l’apparition d’une anxiété particulière : la peur de faire une crise, qui plus est en public.

Les personnes vivant ces attaques de panique décrivent une peur de mourir, une sensation de perte de contrôle de leurs émotions et de leurs comportements.

Comprendre que ces ressentis sont temporaires permet généralement de calmer rapidement les crises. En effet, lors de la survenue d’une expérience de cette nature, la personne qui sait que ces symptômes ne sont pas mortels en soi va pouvoir agir dessus de manière automatique. Via le circuit long de gestion de la peur, son cerveau pourra intervenir sur les réponses physiologiques engendrées par le traitement rapide de cette dernière (circuit court).

Et le stress ?

Le stress est un phénomène très différent de la peur et de l’anxiété.

Il est une réponse normale à une situation nécessitant une adaptation particulière de l’individu. La mobilisation de ses ressources internes permet le maintien de son organisme dans un état fonctionnel.

L’apparition d’un stress engendre une suite de réactions en chaîne : le cerveau génère une hormone appelée cortisol et celle-ci active différentes zones cérébrales en charge chargées de gérer la situation rencontrée (le cortex pour l’affinement de la réponse à mettre en place, l’hippocampe pour contre-balancer et apaiser cette réaction). Beaucoup de symptômes physiologiques peuvent alors être rencontrés (tensions, insomnies, etc.).

Notons trois phases liées au stress :

  • Réaction d’alarme : montée d’angoisses, mobilisation des forces de défenses
  • Résistance : anxiété, adaptation à l’agent stressant
  • Épuisement : phase atteinte en cas de stress puissant et durable dans le temps

Une quatrième phase peut être rencontrée par le sujet : la résilience, récupération, acceptation et reconstruction personnelle si nécessaire.

Il existe aussi le trouble de stress post-traumatique qui se caractérise par un sentiment de désespoir ou d’horreur. Cette situation particulière est à différencier de l’approche plus élémentaire du stress décrit dans ce paragraphe.

Conclusion et derniers conseils…

À la lecture de ces courtes définitions, nous pouvons affirmer que derrière chaque terme, il y a des contextes différents, des processus physiologiques distincts.

Ainsi, quand il nous paraît nécessaire de travailler sur nos peurs, sur notre anxiété ou sur notre stress, il peut être intéressant de trouver les leviers qui vont nous permettre de le faire.

Les peurs instinctives ne pourront jamais être supprimées, elles constituent notre système de protection et de défense face aux éléments hostiles. Il est toutefois possible d’affiner nos connaissances des déclencheurs quand ces derniers font partie de nos environnements (exemple : mieux connaître les serpents permettra une meilleure gestion de la peur qui y est associée).

Au-delà des techniques physiologiques que nous avons listées, il peut être utile de se focaliser sur les objets de nos peurs génératrices d’anxiété, qu’ils soient potentiellement réels ou totalement imaginaires.

Ainsi, pour stopper l’évitement d’une pensée effrayante (exemple : « Je vais perdre mon travail au beau milieu de cette crise économique ! »), nos questions pourraient être :

  • Que va-t-il précisément se passer si cet événement intervient ?
  • En quoi est-ce vraiment un problème pour moi ?
  • À quelles ressources pourrais-je faire appel pour gérer cette situation que je redoute ?
  • Y a-t-il eu d’autres occasions dans ma vie où j’ai réussi à surpasser ce genre de choses ?
  • Quels autres regards pourrais-je poser sur cette crainte ?

Autorisons-nous à apporter des réponses précises. Le passage par l’écrit est une technique très efficace. Il s’agit essentiellement de clarifier les raisons inconscientes qui ont maintenu ou justifié cette anxiété.

Rencontrer sa peur en l’imaginant plus précisément, en mettant des mots dessus, permet d’intervenir sur les mécanismes qu’elle pilotait jusqu’à lors. Il s’agit là d’une technique thérapeutique très utilisée par certains praticiens.

Pour aller plus loin, gardez en tête qu’un accompagnement peut également s’avérer très efficace : l’hypnose est un outil très intéressant pour agir sur nos perceptions, le coaching se révèle comme étant une excellente manière d’avancer dans un contexte bridé par des croyances limitantes.

Références

Centre de Recherche de l’Arche et COFEAH

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